SUD OUEST DE CE JOUR

RUGBY COMITÉ CÔTE D'ARGENT, MORCENX. Dimanche après la tempête, alors que le village pansait ses cicatrices, les rugbymen locaux étaient contraints par le comité de rattraper leur match en retard. Un choix très mal perçu

« C'est irresponsable »

Pendant que le village soignait ses plaies après la tempête, les Camistes n'avaient vraiment pas le coeur à disputer une rencontre de rugby sans intérêt sportif. (photo nicolas le lièvre)
En grammaire française, il y a la règle. Et ses exceptions. Cette flexibilité, souvent déroutante, ne s'applique visiblement pas aux règlements sportifs du Comité de Côte d'Argent de rugby. Des textes appliqués à la lettre. À la virgule près. Sans exception aucune. Au risque de verser dans l'ubuesque.

Ainsi, au lendemain du passage dévastateur de la tempête Klaus, l'équipe fanion du Club athlétique morcenais (CAM), leader de la poule 2 de 1e-2e série, s'est-elle vu contrainte par son comité de tutelle de rattraper, dimanche dernier, son match contre Facture. Une rencontre déjà déprogrammée le 11 janvier dernier en raison du froid et de la neige. Et qu'un nouvel arrêté municipal mettait à nouveau en suspens. Les pelouses voisines de Lesperon et d'Onesse étant impraticables, et un déplacement en voiture à Sainte-Eulalie se révélant « trop risqué », la municipalité morcenaise, décidait, après d'âpres négociations, d'autoriser « l'équipe 1 et uniquement l'équipe 1 » à disputer son match sur le stade Lucxey-Bonnat, annexe de l'enceinte municipale.

« Apparemment, nous n'avions plus le choix (lire ci-contre). Si on ne jouait pas, on s'exposait à un forfait et à une amende de 700 euros. J'ai eu le responsable des épreuves au téléphone et il n'y avait pas d'alternative. Cette décision est incompréhensible. Ça m'a vraiment mis en pétard. Cela fait vingt-cinq ans que je suis dirigeant et je n'ai jamais vu ça, peste le président du CAM, Patrick Castandet. Il y a un règlement, et je le conçois, mais dans des circonstances aussi exceptionnelles, il y avait sans doute autre chose à faire. » D'autant plus que sportivement, cette journée était dépourvue d'enjeu pour les Camistes, premiers de leurs groupes, et d'ores et déjà assurés de leur qualification pour la Première série. « Le Comité aurait pu décréter un match nul qui aurait sans doute contenté tout le monde. »

Incompréhension

À commencer par Facture qui à l'inverse des Landais tirait ses dernières cartouches. Et qui, pour l'anecdote, rentrera en Gironde avec une nouvelle défaite (23-3). Mais le succès camiste n'adoucit guère le sentiment d'incompréhension et de rancoeur mêlées du dirigeant noir et blanc. « Franchement, ce jour-là, on avait la tête à tout sauf au rugby. » Les autres disciplines, qui avaient bien saisi l'ampleur du cataclysme Klaus, avaient d'ailleurs annulé l'ensemble de leurs rencontres sans hésiter. Bien que conscientes des embouteillages que ce type de report engendrerait.

Alors que Morcenx commençait à peine à panser les profondes cicatrices laissées par la tempête, que les agents municipaux - dont plusieurs évoluent en équipe première - étaient mobilisés pour parer au plus pressé et venir en aide à leurs concitoyens en souffrance, et que les rugbymens eux-mêmes, ne pensaient qu'à réparer les dégâts et à mettre leurs proches en sécurité, vue du front, la décision du Comité Côte d'Argent apparaissait donc « aussi déplacée qu'irresponsable », précise Patrick Castandet, soulignant « les risques inconsidérés que l'on a fait prendre aux joueurs de Facture », qui dans l'impossibilité d'effectuer le trajet en bus, ont gagné Morcenx en voitures individuelles.

Un sentiment partagé par le maire de Morcenx, Jean-Claude Deyres, dont le degré de mécontentement se situe « bien au-delà de l'indignation ». Et dont il réserve la primeur aux autorités compétentes, déterminé qu'il est a porté l'affaire devant la préfecture, la Fédération française de rugby et le ministre des sports en personne. « Mais pour l'heure, déclare l'édile, on a des problèmes bien plus importants à régler. » Et les rugbymen camistes bien d'autres préoccupations que la réception de Cestas ce dimanche. Hier, le Comité faisait savoir que l'intégralité de la dernière journée des épreuves territoriales devrait logiquement avoir lieu ce week-end. Mais en sports aussi, la règle draine son lot d'exceptions...